Portrait d'harmoniciste : Alek Reiss Miller, plus connu sous le nom de Sonny Boy Williamson II
- Seb d'harmonica tablatures.com
- 27 juin
- 5 min de lecture
Aujourd'hui, je vais vous raconter l histoire de l harmoniciste Alek Reiss Miller, plus connu sous le nom de Sonny Boy Williamson II c'est une véritable légende du blues, mais entourée de nombreuses zones d'ombre.

Retracer sa vie est un défi, car même sa naissance reste floue. On sait qu'il est né à Glendora, Mississippi, mais les sources divergent sur l'année : 1897, 1899, 1908, 1910, 1912... Ce mystère pose les bases d'une vie insaisissable. Pour comprendre son parcours, il faut s'accrocher à une chronologie des faits connus.

Dans les années 1920 à 1930, Alek est un musicien itinérant dans le Sud des États-Unis. Il voyage beaucoup, croise des géants comme Robert Johnson ou Howlin’ Wolf, et se produit parfois sous le pseudonyme de Little Boy Blue vers 1938-1939.

Mais le tournant décisif arrive en 1941 avec le début de l'émission King Biscuit Time à la radio d’Helena, Arkansas. C’est là qu’il adopte délibérément le nom de Sonny Boy Williamson.

Ce choix n’est pas anodin : le premier Sonny Boy, John Lee Williamson, était déjà connu, et emprunter ce nom permet à Alek d’obtenir de meilleurs cachets et une visibilité accrue grâce à la radio. Accompagné de Robert Junior Lockwood à la guitare, l’émission devient extrêmement populaire dans le Delta.

À tel point que, dès 1947, l’image d’Alek apparaît sur les paquets de farine Sonny Boy Corn Meal, faisant de lui une star locale.

En 1948, un événement tragique change la donne : le premier Sonny Boy, John Lee Williamson, est assassiné à Chicago. Cela laisse le champ libre à Alek pour s’approprier pleinement le nom, surtout lorsqu’il s’installera à Chicago plus tard.

En 1949, il épouse Mattie Gordon, mais, chose surprenante, malgré sa popularité à la radio, il n’a encore enregistré aucun disque. Il faut attendre 1951 pour que Lillian Mc Murry, à la tête du petit label Trumpet Records à Jackson, Mississippi, le fasse entrer en studio. Le 5 août 1951, il enregistre "Cool, Cool Blues", son premier vrai succès sur disque, tardif mais marquant.

En 1955, le grand label Chess Records rachète son contrat à Trumpet Records, marquant le début de sa période la plus prolifique, de 1955 à 1964. Dès le 12 août 1955, il enregistre "Don’t Start Me Talkin’", un succès immédiat. Il enchaîne ensuite les classiques : "Help Me" le 11 janvier 1963, "Bring It On Home", "Nine Below Zero", "Fattening Frogs for Snakes".

C’est à cette époque qu’il développe son style unique à l’harmonica, avec des effets de main, un vibrato profond et en jouant légèrement en retrait du rythme, ce qui le rend inimitable.

Dans les années 60, son influence s’étend à l’Europe grâce aux tournées de l’American Folk Blues Festival en 1963 et 1964. Il adopte alors son look iconique : chapeau melon, costume sombre et mallette pour ses harmonicas.

Il devient une figure majeure pour le public européen et joue avec de jeunes groupes anglais comme les Yardbirds, avec Eric Clapton, qui sont fascinés par son authenticité.

"Help Me" connaît un grand succès au Royaume-Uni, et il apparaît à la télévision anglaise, notamment dans l’émission Ready Steady Go le 8 janvier 1965. Pour ces jeunes musiciens, voir Alek Miller, c’est découvrir la source même du blues.

Mais cette période européenne est de courte durée. En mai 1965, il rentre aux États-Unis, sentant peut-être la fin approcher. Des photos prises par Chris Strachwitz, juste avant sa dernière apparition au King Biscuit Time, capturent ces moments poignants.

Il est retrouvé mort dans son lit le 25 mai 1965 à Helena, Arkansas, bien que sa tombe indique le 23 mai, un dernier flou dans son histoire.

Il est enterré près de Tutwiler, Mississippi, mais sa tombe reste anonyme pendant plus de dix ans. Ce n’est qu’en 1976-1977 que Lillian Mc Murry, avec la Globe Music Corporation, finance une pierre tombale digne de son nom. Depuis les années 1990, le W.C. Handy Memorial Fund veille à l’entretien de sa tombe pour préserver sa mémoire.

En recherchant des sources sur internet pour ce bref portrait de Sonny Boy Williamson II, harmoniciste de légende, j'ai pris conscience de la puissance des médias citoyens. En effet, il est frappant de constater à quel point les pionniers du blues américain sont en voie d'oubli sur la toile. Bien sûr, le temps qui passe soulève toujours de nouvelles questions, et rien n'est éternel...
Mais je suis profondément choqué de voir une figure aussi marquante enterrée dans un cimetière qui ressemble davantage à une décharge abandonnée. On pourrait s'attendre à ce que les producteurs et les labels qui continuent de percevoir des droits sur la musique de Sonny Boy lui offrent un monument à la hauteur de son héritage.
Serait-ce une question de croyances, ou une nouvelle tentative d'effacer la réalité, comme l'homme dit "civilisé", l'a si souvent fait avec les hommes qu'il jugeait "mauricauds" ?"
Sébastien de www.harmonicatablatures.com

Sources : divers sites internet comme https://bobcorritore.com/photos/sonny-boy-williamson-ii/ et https://www.blues-sessions.com/sonnyboywilliamson.php ...
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